Mais si tu sais, cette grande feuille que tu t’accroches péniblement sur le ventre (enfin sur le tee-shirt), après t’être piqué les doigts avec les épingles et qui fait un bruit relou avec le vent pendant toute la course…
Eh bien ce week-end c’était les grandes retrouvailles. Je ne crois pas beaucoup me tromper en disant que c’était le 1er dossard de l’année 2021. Et ça pile 1 an après celui de l’année dernière, au même endroit.
D’ailleurs, ce week-end j’avais même deux dossards de prévu. Un que j’avais totalement oublié du fait des reports successifs, sur le semi-marathon des Grands Crus (et j’avoue que la médaille est canon et les paysages de vignes au soleil sublime). Et celui-ci, à domicile, sur une toute petite distance (5km), couplé avec une course-enfant pour mon grand #minisupporter.
J’aime courir. C’est viscéral, et j’ai toujours couru, en m’adaptant au confinement, aux blessures, aux maigres disponibilités, aux envies, aux humeurs, … Je ne considère pas avoir un quelconque mérite à chausser les baskets, même à 6h du matin sous la pluie parce que j’y vais simplement par envie.
A l’inverse « le pouvoir du dossard » me permet clairement d’être plus régulière, plus motivée, plus disciplinée. Je continue à le faire parce que j’en ai envie et parce que j’aime ça. Je met aussi plus de « technique » dans l’entrainement, je planifie, j’organise, j’ai des échéances. Sans chercher une « performance », j’aime à voir la progression, à avoir plus de facilités, à sentir que ça s’améliore.
Ca joue pour les séances de courses évidemment, mais là où je le ressens le plus c’est sur tout ce qui est autour, ce que je laisse un peu plus facilement de côté quand il faut faire des choix (d’envie, d’énergie, de temps)…les exercices du kiné (pourtant indispensables pour mettre toutes les chances de mon côté), le renfo, le yoga. J’aimerais te dire pareil sur l’alimentation, le sommeil et tutti quanti, mais bon on va garder la juste mesure de l’affaire, et laisser la bonne proportion entre cette pratique loisir et amateur et mon quotidien 🙂 Et puis rappelons nous les premières lignes, je te parle là d’un dossard pour un 5km, sur lequel il était peu probable que je rencontre les mêmes difficultés que sur un trail de 50km dans la boue par exemple (ma digestion par exemple ne devrait pas être un sujet ^^).
La veille « le pouvoir du dossard » c’est la pression qui monte, et les rituels qui reviennent. Et avec eux, les souvenirs (et mon humeur massacrante te diraient mes proches). En sachant que j’ai une réponse au stress assez atypique: je dors! J’ai découvert ça quand je passais les concours, là où les collègues se plaignaient de n’avoir pas fermé l’œil de la nuit, je m’étais écroulée comme une masse à 19h. Les rituels on disait…le retrait de dossard où tu vérifies 10 fois si tu as bien ton certif (et ton pass sanitaire), et puis est-ce-que je ne me serais pas trompé de distance à l’inscription, et puis c’est à quelle heure déjà le retrait… L’angoisse ultime du « mais où est ce que je vais me garer? » (dis-moi que je ne suis pas seule et folle). La préparation du #racepack, le choix cornéliens du tee-shirt, la solution hybride des manchettes qui résout la sempiternelle question « manches longues ou manches courtes« , la vérification de l’état des chaussettes. La chasse aux quatre épingles (merci maman!). L’odeur de baume du tigre. L’étape iconique de la coiffure (le pouvoir des chouquettes!). Le laçage, délaçage, relaçage. Les 8 « pipis de la peur ».
Au moment critique, « le pouvoir du dossard » c’est l’adrénaline sur la ligne de départ. Regarder les baskets et les maillots de club ou de finisher des autres. Essayer de se mettre ni trop devant ni trop derrière. Ecouter le compte à rebours et ralentir le cœur (je ne sais pas si c’est bien utile mais ça me met dans ma bulle). Le départ toujours trop rapide (en même temps, en partant sur un 5km…). Se dire qu’il faudrait ralentir un peu. Tenir quand même l’allure. Arrêter de regarder la montre. Accélérer à chaque petite côte. Repérer une fille au loin et se dire « celle là je la rattrape ». Et puis une autre. Se rendre compte qu’on en est à la mi-course. Accélérer encore. S’égarer mentalement en pensant à n’importe quoi et se reconcentrer sur la course. Rester focus, relâcher les épaules, mettre les bras, allonger la foulée. Se dire que c’est bientôt fini et qu’il faudrait peut-être accélérer. Partir dans un sprint final et doubler sur la ligne (j’ai un peu honte j’avoue ^^ mais #minisupporter était trop fier de maman :p ). Cracher ses poumons et avoir le big smile. Regarder sa montre et avoir le big smile.
Il est là « le pouvoir du dossard ». Il te motive, il te pousse vers le haut, il te force à croire en toi, il t’évite de te poser trop de questions, il te transcende.
Bon et puis on le sait bien, c’est assez addictif tout ça… Alors dans trois semaines je remets ça. Et dans un mois et demi aussi… Un petit air de « retour à la normale » qui fait drôlement du bien ma foi!
Et toi, retrouvaille avec les dossards ou pas encore? Des projets à venir?
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